« Roche Fleurie » est le nom d'une maison et de son jardin, tous deux construits sur un alvar - une plaine calcaire parsemée de végétation capable de tolérer des conditions d'humidité ou de sécheresse extrême. Cet alvar se trouve dans la péninsule Bruce, environ quatre heures au Nord de Toronto, dans la province canadienne de L'Ontario. Au début de l'été, ces plaines calcaires sont parsemées des fleurs jaunes du
Sedum acre, un orpin. Ce sont les roches fleuries (voir la photo de l'en-tête).
La péninsule Bruce est l'étroite bande de terre entre la Lac Huron et la Bai Georgienne (en rouge sur la carte).
À première vue, cette péninsule ne semble pas en endroit adapté au jardinage. Le sol se résume à une couche de terre très mince, les hivers y sont froids et très neigeux. Toutefois, des conditions climatiques particulières permettent à certaines plantes, comme par exemple les agapanthes et le lotus (Nelumbo), de survivre alors que le climat devrait normalement être bien trop froid.
Ce jardin biologique est entouré d'un muret de pierres sur lequel est posé un treillis d'environ deux mètres. On y trouve des légumes aussi bien que des vivaces, des annuelles et des plantes de rocaille. La majorité des plantes ont été obtenues à partir de semences.
La maison
En 1992, lors d'une première visite de la péninsule, Alain, traducteur/interprète de conférence, et Lorne, libraire, furent très impressionnés par les amas de pierres que les générations précédentes avaient rassemblés pour dégager les champs et cultiver une terre qui s'est avérée trop ingrate.
L'été précédent, nous avions lu « The Good Life » par Helen et Scott Nearing, un couple américain qui expliquaient comment, sans expérience, ils avaient construit une maison de pierre. Sans trop y réfléchir, après avoir vu la péninsule, nous y avons acheté un terrain et décidé d'un construire un maison de pierre comme les Nearing.
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On accumule des pierres pour la construction |
Nous n'avions aucune expérience en construction. Si nous avions pris le temps de bien considérer ce projet, nous l'aurions sans doute abandonné.
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Alain à la recherche de pierres |
Pendant l'été de 1993 et 1994, nous avons rassemblé les pierres dont nous allions avoir besoin. Ces pierres étaient transportées dans des brouettes et triées selon trois catégories - les pierres pour les coins, celles qui avaient un surface plate pour les murs et les « vilaines » pour faire du remplissage à l'intérieur des murs. Pour diverses raisons, nous n'avons pu commencer notre construction qu'en 1995 ce qui s'est avéré une bonne chose car en fin de compte il nous a fallu deux fois plus de pierres que nous en avions accumulées.
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Nous avons utilisé des pierres de toute les tailles. Ces grosses pierres calcaires ont servi a couvrir les allées du jardin |
À l'été de 1995, nous avons commencé à construire selon la technique du « coffrage glissant » que recommandaient les Nearings. Nous avions construit les caissons à la maison en ville, l'hiver précédent. Nous avons mis un peu plus de deux années (deux été) à construire les murs extérieurs. Nous habitions à plus de trois heures du site de construction. Quand nous étions sur place, nous vivions dans une caravane que nous avions installée sur le terrain.
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Une partie des pierres et les caissons en place pour entreprendre la construction des murs |
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Alain qui pose un fil de fer pour maintenir les caissons en préparation d'un « coulage » |
Nous avions une bétonnière électrique et une génératrice pour la faire fonctionner. Toutefois, nous nous en sommes servi que les premiers jours en raison du vacarme que produisaient ces deux engins. En fin de compte, 98 % du béton utilisé fut mélangé à la main par Lorne dans une brouette. Le béton ainsi produit était versé dans des sceaux qu'il hissait sur l'échafaudage où une quantité suffisante de pierres pour le prochain coulage avait été assemblée. Alain plaçait ces pierres et le béton à l'intérieur des caissons. Tout ce travail était très exigeant physiquement. Les pierres et les caissons étaient lourds et une grande partie du travail se faisait sur un échafaudage qu'il fallait régulièrement déplacer. Ce n'est pas étonnant que pendant les années de construction, nous avions baptisé notre projet « le Goulag ».
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Lorne et son le béton (une des milliers de brouettées qu'il a mélangées) |
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Les murs commencent à monter près du tas d'agrégats pour le béton |
Pendant l'été de 1997, nous avons construit la toiture. Ce fut la partie la plus difficile et la plus stressante du projet. Premièrement, tout se faisait en hauteur. Il fallait clouer les poutres de la toiture du haut d'un escabeau posé sur un échafaudage. Deuxièmement, il fallait finir la toiture avant le début de l'hiver car nous ne voulions pas qu'une partie de la structure de bois soit exposée aux éléments.
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Construction du toît du vestibule |
Le périmètre et la toiture terminés, nous avons pu travailler à l'intérieur. Lorne a suivi un cours sur la canalisation électrique et assumé la responsabilité du câblage. Alain était responsable de la plomberie, installée en se basant sur des livres de la bibliothèque publique. En faisant les plans de la maison (aussi à partir d'un livre!), nous nous étions assurés que les installations de plomberie et d'électricité étaient aussi simples que possible. Le tout fut inspecté et approuvé.
Comme la maison est à au moins 300 mètre du chemin, le raccordement au réseau électrique aurait coûté plutôt cher. Nous pouvions obtenir au même prix un réseau autonome. Nous avons donc opté pour cette solution. Notre électricité est produite par des panneaux solaires et une génératrice.
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La caravane où nous habitions sur le chantier de construction |
Vers l'année 2004, nous nous étions débarrassé de la caravane et étions emménagés dans la maison. Il restait beaucoup de choses à faire mais nous pouvions travailler à un rythme moins frénétique. En 2007 nous avons quitté la ville et sommes emménagés pour de bon à Roche Fleurie.
Le jardin
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Vue générale |
Ni l'un ni l'autre n'avons travaillé en horticulture. Toutefois, Alain a participé pendant plus de 15 ans au programme « Maître jardinier » (dans le cadre duquel des bénévoles, les maîtres jardiniers, donnent des conseils de jardinage, organisent des conférences, des échanges de plantes, etc.). À cette époque, en échange des services qu'ils fournissent, les bénévoles pouvaient suivre gratuitement, par correspondance, des cours d'horticulture de l'université de Guelph. C'est ce que fit Alain. Pendant plusieurs années, il a aussi rédigé des articles pour des revues de jardinage au Canada et aux États-Unis. Notre ancien jardin de ville, fut mis en vedette dans deux émissions de télévision sur le jardinage.
L'été 2007 fut consacré au déménagement. En 2008, nous avons pu commencer la construction du jardin. Ce projet s'est réalisé beaucoup plus rapidement que la construction de la maison car nous étions sur place et y travaillions à temps plein. Comme nous avions de l'expérience dans la construction en pierres, nous avons décidé d'entourer le jardin d'un muret de pierre sur lequel nous avons posé un treillis. Mur et treillis font environ 2,5 mètres de haut. Cette clôture est nécessaire pour protéger le jardin des animaux.
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Construction de l'enclos du jardin |
Le muret de pierres est posé sur la roche sous-jacente (roche-mère). À certains endroits, cette roche n'est recouverte que d'une mince couche de sol. À d'autres endroits, sol et sous-sol peuvent atteindre un mètre, mais pas beaucoup plus. Il fallu creuser une tranché pour asseoir notre muret sur la roche sous-jacente.
Toutes les plates-bandes sont surélevées et, près de la maison, elles sont aussi entourées d'un muret de pierre, aussi construit selon la méthode du « coffrage glissant ».
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Construction des allées entre les plates-bandes surélevées |
Les allées sont recouvertes de pierres plates.
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Certaines des pierres qui couvrent les allées sont de taille respectable |
Deux années ont suffi pour construire les allées et la clôture d'enceinte. Cette clôture nous épargne énormément de travail. Le jardin est protégé des cerfs, des marmottes, des dindons sauvages, des moufettes (mais non pas des écureuils ni des suisses (Tamias striatus)). Le plus grand avantage du muret est que les mauvaises herbes qui entourent le jardin ne peuvent pas s'y propager par les racines mais seulement par les graines.
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Les constructeurs - leur projet terminé |
Ce blog est avant tout un journal des activités saisonnières du jardin.
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